lundi 7 juillet 2008

L'atelier d'écriture selon Viviane


“J’écris: pourquoi pas vous ?” Question, désir, titre du Mémoire que j’ai présenté en 1988 à l’Université de Lille III. Souvenir que j’aime à me remémorer puisqu’il m’a valu les félicitations du jury. Il m’a donné surtout l’occasion de faire le point sur une démarche d’écriture qui a émergé dans les années 70 (mes débuts dans l’âge adulte), allant à l’encontre de l’idée reçue de l’écrivain isolé dans sa tour d’ivoire, seul devant sa page blanche, génie solitaire, tourmenté et souvent méconnu (et aigri). Assortie de l’idée véhiculée par l’école, parfois, de l’écriture devoir, corvée, et non plaisir, nécessité.J’écris, et je ne conçois la vie qu’en compagnie de l’écriture, confidente, amie, qui a permis à l’humanité d’évoluer, qui favorise l’échange, l’analyse, ll’introspection, la rétrospective. Toute personne aujourdh’ui devrait avoir accès à cette eau vive, cette nourriture de l’esprit, richesse spirituelle, forme de libération, à ce bonheur.Le fait de réunir plusieurs participants autour de l’acte d’écrire crée une dynamique de groupe, amène chacun à se dépasser, c’est une gymnastique du cerveau, une écoute et une rencontre authentique avec l’autre.Il existe différentes écoles. Elles sont le plus souvent organisées autour de jeux, ou contraintes, certaines issues du surréalisme, comme les cadavres exquis, l’écriture automatique, d’autres de l’oulipo (le roman sans lettre e de Perec, les mille et une manières de prendre le bus chez Queneau). Balpe utilise l’informatique aléatoire. Scrabble, structures (à partir de poètes comme Eluard ou Prévert, mes préférés) , jeux de rôles, et autres, on joue avec les mots.Selon Claire Boniface qui a répertorié les ateliers d’écriture et organisé des assises nationales de leurs animateurs, ce qui m’a permis de réaliser que nous nous comptions par centaines:“l’atelier d’écriture peut dépasser la simple recherche du désir et du plaisir d’écrire. Il peut permettre à l’apprenti de devenir un amateur de littérature peu à peu éclairé. Il l’aide à devenir un familier des écrivains, sans sacralisation, en apprenant à les lire en rapport à sa propre écriture, en découvrant des techniques...”Elle conseille d’essayer plusieurs ateliers avant de trouver celui qui correspond à sa propre démarche: “psy ou littéraire, formaliste ou émotive...” L’atelier, tout en gardant son côté ludique, drôle, plaisant, peut aussi devenir lieu de révisions grammaticales, d’enrichissement de vocabulaire, de découverte d’auteurs, de lutte contre l’illétrisme, contre l’isolement, de projets de théâtre, d’expositions, de recueils de poèmes, de nouvelles, de rencontres intergénérationnelles, en sachant que les enfants font preuve de plus de créativité, ont moins de blocages, et que les meilleurs écrivants ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Car l’atelier fonctionne non pas d’un enseignant à ses éltudiants, mais de ce que chacun y apporte.Il est possible de s’inscrire dès aujourd’hui (pas plus de 12 par groupe, le bon chiffre officiel étant 8, le mien 6). Les ateliers se déroulent sur 1 à 3 heures, voire par tranches d’une 1/2 ou 1 journée, par 1, 2, 3 semaines. Parfois en extérieur, dans mon Jardin de l’Art Brut, en randonnée, en visite aux plasticiens... Bref, tout est possible. Tout dépend du groupe, de sa recherche, de ses motivations.

samedi 5 juillet 2008

La fée Viviane


Je viens d’un pays de vent.

Je vous viens du grand nord où le vent souffle tant

qu’il m’a poussé très loin des longues plaines plates

pour voir ce qui était ailleurs que l’horizon simple curiosité

Le vent soufflait du nord traversant les marais

de Somme aux forêts d’Oise à Paris Tour Eiffel

un vent tombé de l’ouest a découvert l’Auvergne

ses pentes si paisibles

Le vent était tournant: me voici en Bretagne

entre les Monts d’Arrée

les côtes de granit rose

il m’a fallu du temps pour tout arpenter

de soleils éclatants en pluies diluviennes

Qu’on appelle des bruines

je me suis adaptée

aux villages de pierre

aux rangées d’hortensias

au temps disséminé

comme l’est l’habitat

un jour chaud un jour froid

aux landes de bruyère

aux cormorans en croix

aux chemins de travers

et je mourrai là-bas

ô ma Bretagne fière

vivent les dunkerquois


Viviane

vendredi 4 juillet 2008

Victor Hugo, fonction du poète


Peuples ! écoutez le poète !

Écoutez le rêveur sacré !

Dans votre nuit, sans lui complète,

Lui seul a le front éclairé.

Des temps futurs perçants les ombres,

Lui seul distingue en leurs flancs sombres

Le germe qui n’est pas éclos.

Homme, il est doux comme une femme.

Dieu parle à voix basse à son âme

Comme aux forêts et comme aux flots.
C’est lui qui, malgré les épines,

L’envie et la dérision,

Marche, courbé dans vos ruines,

Ramassant la tradition.

De la tradition féconde

Sort tout ce qui couvre le monde,

Tout ce que le ciel peut bénir,

Toute idée, humaine ou divine,

Qui prend le passé pour racine

A pour feuillage l’avenir.
Il rayonne ! il jette sa flamme

Sur l’éternelle vérité !

Il la fait resplendir pour l’âme

D’une merveilleuse clarté.

Il inonde de sa lumière

Ville et désert, Louvre et chaumière,

Et les plaines et les hauteurs ;

À tous d’en haut il la dévoile ;

Car la poésie est l’étoile

Qui mène à Dieu rois et pasteurs !

Victor Hugo, Les Rayons et les ombres 1840.

A la manière de Francis Ponge


Le cartable

A mi-chemin de la carte et de la table, le cartable est un moyen de transport des cahiers, classeurs et des livres. De toutes les couleurs imaginables et de différentes formes, même s’il est déformable, il est presque incassable. On s’en sert juste pendant les périodes scolaires, là, il est tout fier, mais lors des vacances, on le laisse enfermé dans le placard.
Tanguy

Manet, le déjeuner sur l'herbe


Une femme est nue parmi des hommes
A déjeuner en forêt
Entourée de chênes, de peupliers et d’aulnes
De buissons, de fleurs et de genêts.

Elle pense, seule dans sa tête
Elle rêve à des jours meilleurs
Elle aimerait ne plus être un objet
Etre vraiment aimée et avoir de la valeur.
Mais ceci n’est qu’un rêve
Elle vit dans un monde réel
Un monde où les hommes règnent
Et où les femmes rêvent

Jérémy

Le bassin aux nymphéas, Monet


Le bassin aux nymphéas
Ce tableau représente la nature , avec des arbres, l’eau, les nénuphars et les couleurs qui y sont associés. Mais cet endroit a un côté magnifique, fantastique, un endroit féerique avec le pont qui, peint de cette manière, paraît en or… Cet endroit n’est pas réel !
Charlène

Il s’agit d’un jardin aquatique, on peut y voir beaucoup de végétation, principalement des arbres en arrière plan. Au prmeier plan, il y a une rivière traversée par un pont qui semble faire partie de la végétation de par sa couleur. Ce tableau inspire le calme, la tranquillité, il est reposant.
Goulwena

mercredi 2 juillet 2008

la chose la plus étonnante...


Lettre de Madame de Sévigné


A M. DE COULANGES A Paris, ce lundi 15 décembre 1667
Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui, la plus brillante, ,la plus digne d'envie : enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemples dans les siècles passés, encore cet exemple n'est-il pas juste; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon ?); une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive-; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire; devinez-la : je vous le donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien il faut donc vous la dire : M de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Mme de Coulanges dit : " Voilà qui est bien difficile à deviner; c'est Mme de la Vallière. - Point du tout, Madame. C'est donc Mlle de Retz ? -. Point du tout, vous êtes bien provinciale. - Vraiment nous sommes bien bêtes, dites-vous, c'est Mlle Colbert. - Encore moins. - C'est assurément Mlle de Créquy. - Vous n'y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du Roi, Mademoiselle de..., Mademoiselle.... devinez le nom : il épouse Mademoiselle, ma foi par ma foi ma foi jurée Mademoiselle, la grande Mademoiselle; Mademoiselle, fille de feu Monsieur; Mademoiselle, petite-fille de Henri IV; Mlle d'Eu, Mlle de Dombes, Mlle de Montpensier, Mlle d'Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du Roi; Mademoiselle, destinée au trône; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur. "
Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dîtes que nous avons menti, que cela est faux, qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer; si enfin vous nous dites des injures : nous trouverons que vous avez raison; nous en avons fait autant que vous.

Kafka Lettres à Milena


Écrire des lettres, c'est se mettre nu devant les fantômes. Ils attendent ce geste avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à leur destination. Les fantômes les boivent en chemin.
Au lieu de dormir, j'ai passé la nuit avec tes lettres (pas tout à fait volontairement, je dois l'avouer). Cependant, je ne suis pas encore dans le dernier dessous. A vrai dire, je n'ai pas reçu de lettre, mais cela ne fait rien non plus. Il vaut beaucoup mieux maintenant ne pas s'écrire chaque jour ; tu t'en es rendu compte en secret, avant moi. Les lettres quotidiennes, au lieu de fortifier, dépriment ; autrefois, je buvais ta lettre d'un trait, et je devenais aussitôt (je parle de Prague, non de Merano) dix fois plus fort et dix fois plus altéré. Mais maintenant, c'est tellement triste ! Je me mords les lèvres en te lisant ; rien n'est plus sûr sauf la petite douleur dans les tempes. Mais peu importe, excepté une chose, une seule chose, Milena : d'abord, ne pas tomber malade. Ne pas écrire est bon (combien de jour me faut-il pour venir à bout de deux lettres comme celles d'hier, Sotte question, peut-on venir en venir à bout en deux jours ?), mais il ne faut pas que la maladie en soit la cause. Je ne pense qu'à moi en parlant ainsi. Que ferais-je si tu étais malade ? Très probablement, ce que je fais maintenant, mais comment ? Non, je ne veux pas y songer. Et pourtant, quand je pense à toi, toujours étendue dans ton lit, comme tu étais à Gmünd le soir, dans le pré (où je te parlais de mon ami et où tu écoutais si peu). Et ce n'est pas une image douloureuse, c'est proprement le meilleur au contraire de ce que je suis capable de penser en ce moment : tu es au lit, je te soigne un peu, je vais, je viens, je te pose la main sur le front, je m'abîme dans tes yeux quand je me penche sur toi, je sens ton regard qui me suit quand je vais et viens dans la chambre, et je sens toujours, avec un orgueil que je ne peux plus maîtriser, que je vis pour toi, que j'en ai la permission, et je remercie le destin parce que tu t'es un jour arrêtée près de moi et que tu m'as tendu la main. Et ne serait-ce qu'une maladie qui passera bientôt et te laissera mieux portante que tu n'étais auparavant, et dont tu te relèveras plus grand, tandis qu'un jour, bientôt, et espérons-le, sans douleur et sans bruit, je m'enfoncerai dans la terre. Ce n'est pas cela qui me tourmente, mais l'idée que tu tombes malade si loin de moi. (Août 1920 - Pages 205-206)
Mardi.« [...] indépendamment de tout ce qu'il peut y avoir là-dessous - «peur», etc., - qui m'écoeure, non parce que c'est écoeurant, mais parce que j'ai l'estomac trop fragile, indépendamment de tout cela, c'est peut-être bien plus simple que tu ne dis. Voici peut-être une explication : l'imperfection, quand on est solitaire, on est forcé de la supporter à tout instant; l'imperfection à deux on n’y est pas obligé. N'a-t-on pas deux yeux pour se les arracher et un coeur à la même fin? Ce n'est pas tellement épouvantable, non : mensonge et exagération; tout est exagération, seul le désir est vrai, le désir passionné, seul on ne saurait l'exagérer. Mais même la vérité du désir passionné n'est pas tellement la vérité de ce désir que l'expression du mensonge de tout le reste. Cela sonne faux : c'est pourtant ainsi. De même quand je dis que tu es ce que j'aime le plus, ce n'est peut-être pas de l'amour à proprement parler; l'amour c'est le couteau que je retourne dans ma plaie. D'ailleurs, tu le dis toi-même ; nemate sily milovat (vous n'avez pas la force d'aimer); cela ne suffirait-il pas encore à distinguer entre « l'homme » et la « bête »? » Kafka, Lettres à Milena, p.229

boeuf à la Roche Jagu


Bœuf à la ficelle ? Bœuf au vin rouge ? Bœuf carottes ?
Bœuf bourguignon ? Bœuf à la broche ?
Non ! Bœuf à La Roche ! Fastoche !

Si j'étais...


Si j’étais un paysage, je serais un bord de mer avec des rochers couverts d’algues et d’anémones de mer. Si on cherche bien, on peut y trouver une vie fourmillante : des crevettes qui s’échappent dès qu’on essaie de les attraper, des crabes aux pinces aiguisées, des poissons multicolores qui suivent le rythme de la marée….

impression de printemps


Impression de printemps
L’air est doux et légèrement humide. Le seringat et les roses anciennes embaument le matin frais. Les trilles ironiques du merle perché sur l’antenne de télévision alternent avec le pépiement des mésanges qui se cachent dans les clématites mauves.
Au loin, un chien répond à l’âne esseulé. La nature respire et attend avec impatience les premiers rayons de soleil et TACàTACàTAC, Rachid fait tourner le moteur diesel de son Espace… C’est comme ça chaque matin pendant un bon quart d’heure. Adieu le merle, les mésanges et le cri du chien. Je rentre boire mon café chaud, ça sent le pain grillé.

quelques termes philosophiques


Quelques définitions de termes philosophiques à détourner de leur usage : ….

- antinomie :



- archétype



- assertorique



- axiologie



- cybernétique



- diachronie



- éidétique



- épistémologie



- époché



- eudémonisme



- ataraxie



- herméneutique



- nominalisme



- ontologie



- paralogisme



- phénoménologie



- tautologie



- taxonomie



- téléonomie


- tératologie

gauguin


Tableau de Gauguin
Sur l’aire à battre le blé, entourées de rochers bleus et d’une prairie verte, deux femmes sous le soleil devisent. L’une d’elle, une baguette à la main, fait la leçon à la plus jeune. La jeune femme, les traits fins, visage lisse, hiératique écoute, songeuse. Suivra-t-elle les conseils de la vieille à la jupe rouge ?
La vieille montre avec sa baguette le ventre qui s’arrondit. Que sera l’avenir de cet enfant ? Si c’est un garçon, il reprendra la ferme. Si c’est une fille, elle partagera le labeur à la maison : aller chercher de l’eau, préparer le feu, le repas, elle ira aider aux champs, mettre le blé en gerbe, nourrir les gorets. Ainsi va la vie dans le pays bigouden.